Le projet 3 COUPOLES, situé dans l’Yonne, est un site d’architectures expérimentales des années 60-70, classées monuments historiques et conçues par Jean Daladier et Henri Delekta.
Lieu emblématique des utopies de l’époque – conquête spatiale, habitats modulables, harmonie avec la nature – il a accueilli artistes et penseurs comme Xenakis, John Cage ou Merce Cunningham.
Le projet renaît aujourd’hui pour devenir un espace hybride dédié au design et à l’architecture.
Il abritera une collection permanente, des expositions temporaires et des résidences de recherche autour de l’histoire du design.

Découvrez les Dômes posés dans leurs clairières, pour une expérience immersive dans l'architecture utopiste des années 60-70.

01.
Le projet 3 COUPOLES est un nouveau lieu consacré au Design et à l’Architecture, situé à 115 kms de Paris, dans l’Yonne en Bourgogne.
Dans une clairière ouverte en forêt, en communion directe avec la nature et les œuvres d’arts créées in situ, 3 COUPOLES est avant tout une architecture expérimentale de 1968. Un sentier pédestre la relie à un second prototype de 1972, tout aussi puissant : LA GEODE.
Classées monuments historiques, ce duo d’architectures, est le fait d’esprits libres, féconds et éclairés sous la houlette de l’architecte Jean Daladier et de son ingénieur Henri Delekta. Elles sont porteuses de tous les rêves d’une génération à la fin des années 60.
‣ Les Trois Coupoles en 1967 - Image : Archives Henri Delekta
Utopie d’abord de la conquête spatiale et d’une ère nouvelle résolument tournée vers l’avenir : le space-age et sa recherche formelle.
Utopie ensuite, de constructions plus frugales, modulables, expansives et à coûts modérés, privatives ou collectives, qui favoriseraient l’accès à la propriété privée, en parfaite harmonie avec la nature environnante.
Utopie surtout d’une nouvelle manière de vivre et d’habiter, éloignée du cube à angles droits.
Ces expérimentations mêlent les réflexions d’une époque sur l’art et son abstraction, la nature et le rapport harmonieux que l’homme doit y entretenir, les espaces paysagers et leur inspiration zen et japonisante, la science mathématique placée au service de l’architecture, la place spirituelle réservée aux astres et à leur lumière... Une communauté d’esthètes s’est retrouvée dans ces réflexions et s’y est côtoyée pour expérimenter : les artistes Jean Degottex et Takis, le mathématicien et musicien Lannis Xenakis, le musicien John Cage, le chorégraphe Merce Cunningham…
Dans quelques mois, ce lieu exceptionnel trouvera une seconde vie pour devenir un projet hybride consacré au design et à l’architecture.
Il abritera tout d’abord une collection dédiée et permanente de prototypes, de pièces exclusives ou importantes de mobilier d’architectes et de designers des années 1960/1970. Ces objets, pour certains de qualité muséale mais demeurés eux-aussi à l’état de prototype, entreront en résonance avec les architectures géodésiques.
Il accueillera aussi des expositions temporaires sur le design (notamment des années 1980) ou pourra constituer un lieu de résidence pour des chercheurs ou des designers qui souhaiteraient travailler sur le fonds d’archives et de documentation sur l’histoire du design qui y sera présenté.
En effet, le projet 3 COUPOLES a rassemblé les prototypes et l’ensemble du fonds documentaire de Raymond Guidot, historien du design. Ses archives personnelles et sa documentation ont été entièrement classées et collationnées selon les normes de l’Ecole Nationale des chartes pour les rendre accessibles. Ce fonds « papier » présente, pour tout amateur éclairé, une source unique de connaissance et d’information, compte tenu de la richesse du parcours de son auteur au service du design.
‣ Les Trois Coupoles en 2024
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‣ Vue de la clairière des Trois Coupoles avec l’œuvre Signal de Jean Degottex - Archives du Musée d’Art Moderne de Paris.
02.
La question des archives et de la mémoire du design est toute aussi importante que celle des vestiges de l’architecture. Qu’il s’agisse de documentation, prototypes, dessins, croquis préparatoires, études, réflexions, écrits … ils forment un tout avec l’œuvre du designer.
Le projet 3coupoles a réuni, puis s’est vu confier par sa famille, l’intégralité des prototypes et du fonds documentaire de Raymond Guidot, qui était tout à la fois ingénieur, designer, artiste, auteur, enseignant, chercheur, historien du design…
Ces archives foisonnantes sont le reflet de la riche personnalité de cet acteur majeur de la connaissance et de la diffusion du design en France au cours des 50 dernières années. Elles constituent un corpus complet et inédit, qu’a bien voulu étudier Nestor Perkal, afin d’en présenter une sélection, en qualité de scénographe et de commissaire d’une récente exposition dédiée.
Le projet 3coupoles est heureux d’avoir été associé pour cette occasion à la Biennale de design de Saint-Etienne de 2025 et tient à remercier Laurence Salmon, Nestor Perkal et Eric Jourdan pour leur confiance.
Au préalable, le fonds documentaire Raymond Guidot a été, dans sa totalité, collationné et classé par une équipe de diplômés de l’École Nationale des chartes, sous la supervision de Pia Rigaldiès, Archiviste Paléographe et Conservatrice du Patrimoine.
Il a désormais vocation à être accessible aux Institutions, enseignants, étudiants, designers, amateurs éclairés, chercheurs qui voudront y consacrer travaux ou recherches.
D’autres fonds documentaires sont destinés à compléter cet ensemble, dont celui de Max Garnault (ainsi que des prototypes de ses créations) qui était tout à la fois architecte d’intérieur, designer, professeur et membre actif de la Société des Artistes Décorateurs des années 1960 à 1980.

‣ Les Trois Coupoles - Image : Archives Henri Delekta
03.
Complément naturel du design « objet », le design graphique influe sur notre système de perception et de pensée. Cette matière ne pouvait donc rester totalement étrangère à la réflexion et lorsque la question d’une identité graphique s’est posée pour le projet 3coupoles, le nom de Jean Widmer est apparu comme une évidence.
Pionnier du graphisme et de la communication visuelle, ce dernier a élaboré celles, devenues mytiques, de nombreuses et éminentes institutions culturelles (dont le centre Pompidou, le Musée d’Orsay ou encore l’Institut du Monde Arabe).



Nous sommes très honorés que Jean ait accepté, avec son fils Julien, de se pencher avec gentillesse et bienveillance sur le logo et les éléments graphiques des modestes 3coupoles. Dans la mémoire collective, les visuels de Jean Widmer resteront attachés à la période de conception de ces architectures expérimentales (1960/1970), tout en leur imprimant une dynamique forte de modernité et d’intemporalité. La « synthèse des arts » qu’expriment les créations de l’agence J. et J. Widmer évoque aussi celle de la communauté culturelle qui se retrouvait alors à Saint-Julien-du-Sault.
‣ Jean Widmer, un écologiste de l’image / Rina Sherman - extrait Youtube
04.
Les maisons expérimentales du bois des Sèves.
Texte de Juliette Bessette, historienne de l’art contemporain.
En 1967, l’architecte Jean Daladier acquiert un terrain de 55 hectares de forêt dans le bois des Sèves, en lisière de la commune de Saint-Julien-du-Sault située au bord de l’Yonne, à 115 kilomètres de Paris. Il a l’ambition d’en faire un laboratoire architectural en y proposant des maisons expérimentales qui renouvelleraient les manières d’habiter par les principes de construction, l’organisation des espaces et l’insertion de l’architecture dans l’environnement.
Entouré de l’ingénieur Henri Delekta, du chef de chantier catalan Joseph Nicolas et de son équipe d’ouvriers, Daladier conçoit et bâtit trois maisons entre 1968 et 1972(¹). Dénommées respectivement Les Trois Coupoles, Contrepoint et La Géode, elles s’élèvent chacune dans une clairière ouverte dans le bois, et sont reliées les unes aux autres par un chemin forestier. Une quatrième maison, L’Hermitage, viendra compléter l’ensemble en 1982.
Conçues comme des prototypes, ces maisons ont vocation à inspirer de plus larges applications industrielles, aussi bien dans l’habitat individuel que collectif. Elles présentent en effet des caractéristiques de modularité qui permettent de potentiellement d’adapter leurs modèles et dimensions selon les contextes et les besoins.
¹ Architecte autodidacte, Jean Daladier (1922-2012) a vécu aux États-Unis à la fin des années 1940 et participé à divers chantiers de construction, notamment au Tchad et au Maroc depuis la fin des années 1940 avant de fonder sa propre agence en 1959, qui opère d’abord dans la réhabilitation d’immeubles situés sur des îlots insalubres à Paris. Les bénéfices de l’agence ainsi que des subventions publiques permettent à ces architectures expérimentales de ne pas rester de papier, comme c’est souvent le cas. Henri Delekta et Jean Nicolas travaillent pour l’agence parisienne préalablement au projet de Saint-Julien-du-Sault.

‣ Vue aérienne des Trois Coupoles - Image : Archives Daladier
Le premier prototype, les Trois Coupoles, est constitué de trois dômes imbriqués couvrant une surface de près de 200 m². Le principe de construction, fondé sur des structures autoportantes, permet une fluidité de circulation entre les différents espaces intérieurs, délimités par les coupoles sans être strictement séparés les uns des autres (²).
L’espace de la salle de séjour, qui accueille un braséro suspendu, est largement ouvert sur l’extérieur par de grandes parois de verre qui favorisent la circulation du regard vers la clairière et sa végétation verdoyante. Cette circulation du regard est favorisée dans l’ensemble de la maison par des jeux de percements polygonaux qui dialoguent avec la forme même des coupoles.
Cette référence indique une volonté, de la part de l’équipe, de s’inscrire non pas dans l’histoire de l’architecture traditionnelle mais plutôt dans celle de l’ingénierie de l’habitation et du développement de principes de construction performants, économiques et déclinables en masse.
Si les structures géodésiques de Buckminster Fuller trouvaient principalement application pour des bâtiments utilitaires et temporaires, par les moyens d’un treillis de métal ou de bois et d’une couverture de plastique, ici la structure proposée par Delekta est en béton armé, et les panneaux de remplissage en bois aggloméré recouverts d’une toile d’hypalon (⁴).
Cependant, comme les dômes géodésiques de Fuller, les Trois Coupoles sont posées à même le sol sur des fondations très superficielles : leur solidité provient des forces en tension et en compression à l’œuvre dans l’organisation structurelle du treillis.
Les trois structures autoportantes conçues par Delekta s’inscrivent dans une réflexion, encore rare en France à l’époque, sur les dômes géodésiques, dont les principes de construction ont été développés et industrialisés aux États-Unis par un autre ingénieur, Richard Buckminster Fuller, depuis la fin des années 1940 et qui viennent alors de trouver une application spectaculaire avec l’immense dôme construit pour l’Exposition universelle de Montréal en 1967 (³).
² Raphaëlle Saint-Pierre, Villas en France 60-70, Paris, Norma, 2013, p. 210-211.
³ Dans le cas d’Henri Delekta, la structure des coupoles est dérivée du rhombicosidodécaèdre, un polyèdre à travers lequel l’ingénieur travaille autour du nombre d’or.
⁴ L’Hypalon, marque de DuPont, est un élastomère synthétique réputé pour sa résistance aux produits chimiques, aux températures extrêmes et aux UV.
‣ Maison de Anne Hewlett et Richard Buckminster Fuller, Carbondale, Illinois - Images : ofhouses.com
Buckminster Fuller s’était lui-même fait construire une maison géodésique en 1960-61 sur le campus de l’université où il enseignait aux États-Unis, témoignant par ce geste d’une volonté appuyée de remise à plat des standards de l’industrie du logement (⁵). Vivre dans un espace concave est peu habituel, et l’adaptation du mobilier traditionnel pose immédiatement question. Chez lui, Buckminster Fuller joue de l’espace en intégrant plusieurs pièces de mobilier et œuvres d’art aux formes courbes, répondant à l’inclinaison des murs. De son côté, Daladier agrémente notamment son premier prototype de la toute nouvelle ligne de mobilier gonflable Quasar Kahn, dont la légèreté semble dialoguer avec celle des espaces suspendus des Trois Coupoles (⁶).
Les structures autoportantes de Fuller, relativement faciles à mettre en œuvre et économiques, avaient déjà été réinterprétées par d’autres architectes autodidactes, notamment aux États-Unis dans les communautés hippies qui fleurissent à partir du milieu des années 1960. Fascinées par l’imaginaire holistique associé à la rondeur des dômes géodésiques, ces communautés sont également séduites par la possibilité de rompre avec l’habitat orthogonal traditionnel, une rupture qui symbolise les aspirations de leur mode de vie.
⁵ Buckminster Fuller travaille sur ce thème depuis les années 1920. Voir Federico Neder, Les Maisons de Fuller. La Dymaxion House de R. Buckminster Fuller et autres machines à habiter, Paris, Infolio, 2009.
⁶ Daladier dispose également de mobilier Knoll ainsi que de meubles conçus par ses soins et réalisés par des artisans locaux.

‣ L'intérieur de La Géode - Images : Archives Daladier.
À Drop City dans le Colorado, la plus fameuse de ces communautés, trois coupoles imbriqués construites avec des matériaux récupérés forment ainsi un complexe abritant des espaces de vie communs. Si c’est également trois coupoles qui sont à leur tour assemblées à Saint-Julien-du-Sault, une maquette d’époque montrant six dômes adjoints indique que ce système avait vocation à être modulable à plus grande échelle (⁷).

‣ Truncated Icosorhombic Dodecahedra – Drop City, vers 1966.
Si la continuité de l’espace dans une telle structure pose de véritables défis selon les standards dominants de l’habiter, notamment du fait de la circulation du son ou des odeurs, l’équipe de Daladier ne se soucie pas de ce type de critères : ils revendiquent à l’époque qu’il ne s’agit pas de « créer un objet fini et existant par lui-même, mais [de] suggérer des espaces et ordonner leurs rapports (⁸)», tout en restant fidèles à un idéal de souplesse et de mouvement dans l’espace.
⁷ Le coffrage dans lequel la structure de béton a été coulée peut aisément être réemployé à cette fin.
⁸ Propos de Jean Daladier, Henri Delekta et Joseph Nicolas rapportés dans Catherine Frotier, « Coupoles dans la forêt », L’Œil,, no 186-187, juin-juillet 1970, p. 31.
Un autre personnage qui intervient dans la genèse des Trois Coupoles est l’artiste Jean Degottex, proche ami de Daladier. La recherche sur l’espace menée à travers la construction de ce prototype ne peut se comprendre qu’en faisant référence à la quête spirituelle partagée par les deux hommes, à cette période, autour du bouddhisme zen, rejoignant une réflexion sur des principes de circulation libre entre les espaces intérieurs et extérieurs, sur le vide et sur la légèreté.
Degottex participe activement à penser l’organisation des Trois Coupoles et élabore également quatre œuvres in situ, dénommées Spacifiques : elles sont composées de panneaux circulaires de bois et de perspex blanc cassé, auxquels une incision confère un mouvement apparent de rotation, répondant à l’espace des structures. Ces éléments, loin d’être décoratifs, font partie de la conception même de la maison.
Degottex réalise également une sculpture monumentale pour le jardin, Signal, dont les percements verticaux laissent progressivement filtrer, le soir, le soleil se couchant en direction de la maison. Le nom de cette sculpture est-elle un hommage aux Signaux de Takis, également ami de Degottex et de Daladier, qui résida un temps à Saint-Julien-du-Sault ? L’un de ces Signaux, témoins de la fascination du sculpteur pour l’univers industriel, trôna en tous cas un temps sur la loggia des Trois Coupoles. Comme le décrit un article d’époque paru dans le magazine L’Œil, « le clignotement des luminaires du sculpteur grec Takis crée comme une pulsation de l’espace (⁹) » sous cette structure légère elle-même démonstration des possibilités industrielles de son temps.
Ces dernières sont ici exploitées pour créer un espace difficile à appréhender, mais laissant également place à des touches d’humour et de surprise. L’intérieur des placards est par exemple peint d’un bleu faisant référence à la couleur IKB déposée par Yves Klein en 1960 dans le cadre de son travail, également très imprégné de philosophie zen, autour du vide. C’est un clin d’œil amusé sur la possible continuité de l’espace des placards dans le vide qui est ici adressé par Degottex et Daladier. Anne Daladier, l’une des filles de ce dernier, qui passa une partie son enfance dans les Trois Coupoles, se remémore un espace habité par une énergie joyeuse, et souligne combien, chez son père, « le bonheur et le plaisir n’étaient pas étrangers à la complexité (¹⁰) ». L’ensemble des espaces est pensé pour être activé par les arts.
⁹ Catherine Frotier, « Coupoles dans la forêt », ibid., p. 35.
¹⁰ Entretien d’Anne Daladier avec Juliette Bessette, 5 février 2022.
Dans la foulée, Daladier et son équipe construisent un autre prototype : Contrepoint, dont le nom est pensé en rapport au caractère expérimental des Trois Coupoles et qui, bien que présentant quelques originalités, répond à une conception plus traditionnelle de l’habitat (¹¹). Cet interlude ne fait que précéder le retour d’une proposition à nouveau très originale avec la conception d’un troisième prototype, la Géode (1972), qui apparait de l’extérieur sous la forme d’une résille de béton armé, à la manière d’« un vaste filet jeté sur l’espace (¹²) ».
¹¹ Voir le site web de la maison Contrepoint
¹² Catherine Frotier, « Coupoles dans la forêt », op. cit., p. 33.

‣ Vue aérienne de la Géode – Photographe Benjamin-Hoffman / Architecture de collection.
Si ce prototype est sensiblement plus grand que le premier, il répond en théorie aux mêmes principes de modulation que les Trois Coupoles : la maison, dont les volumes habitables sont inscrits sous la résille, parfois en retrait, pourrait être agrandie (jusqu’à l’immeuble collectif) ou rétrécie en fonction des variations des besoins de ses habitantes et habitants (¹³). Une organisation des espaces sur trois niveaux, ainsi que la présence de multiples cloisons les délimitant, rompent cette fois l’aspect de continuité recherché dans les Trois Coupoles. La déambulation ménage néanmoins des surprises et des éléments de liaison : des terrasses suspendues invitent à une connexion, par le regard, des pièces à vivre et de l’espace extérieur, tout comme le percement pentagonal entre le premier étage et le volume sommital, lui-même prolongé par une trouée vers le ciel.
Au dernier étage, l’espace est laissé entier sous la coupole, et doté d’un mobilier minimal, de manière à pouvoir aisément accueillir des activités de performances, de musique ou de danse. Le compositeur Iannis Xenakis fut par exemple un visiteur régulier du site. Les Trois Coupoles déjà avaient accueillies en 1970 une performance du musicien expérimental John Cage et de son compagnon, le danseur et chorégraphe Merce Cunningham, de passage à Saint-Julien-du-Sault pour rendre régulièrement visite à Daladier et Degottex.
¹³ Raphaëlle Saint-Pierre, Villas en France 60-70, Paris, Norma, 2013, p. 56.
Enfin, dix ans plus tard, une dernière maison, l’Hermitage, est construite sur le site. Si ces maisons expérimentales ont connu un certain succès dans les milieux artistiques et dans la presse de l’époque, notamment après l’exposition d’une réplique de bois d’une structure des Trois Coupoles au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1970 (¹⁴), leurs principes de construction et les possibilité de modulation des espaces que Daladier prétendaient offrir à travers elles ne trouveront pas d’application industrielle dans l’habitat privé ni dans les aménagements urbains communautaires. Les recherches, à la fois pratiques et spirituelles, de l’habiter qu’elles incarnent demeureront ancrées dans le bois des Sèves, sans même que les prototypes, à défaut d’être déclinés, ne trouvent d’acquéreurs – bien qu’ils soient mis en vente dès leur construction.


‣ Plan et vie de l’espace intérieur de la Géode dans les années 1970, publiés dans : Dominique Amouroux, Nouvelles architectures de maisons en France, Paris, Éditions du Moniteur, 1979.
Ce n’est que récemment qu’a eu lieu un mouvement de prise de conscience de leur importance en tant que témoignages de l’architecture expérimentale des années 1960-1970 en France. Contrepoint est le premier prototype à trouver acheteur en 2015 et à être rénové. Les autres maisons bénéficient d’une protection par un classement au titre des Monuments Historiques (¹⁵). À leur tour acquises par de nouveaux propriétaires au début des années 2020, elles seront partiellement ouvertes au public dans le cadre d’un projet culturel de valorisation de l’architecture expérimentale et du design de leur période de conception.
¹⁴ Exposition Horspaces, Degottex-Daladier, Musée d’art moderne de la ville de Paris, 12 mai – 6 juin 1970. La structure accueille alors des Spacifiques de Degottex, comme dans les Trois Coupoles. Archives : MAM-ARCH-EXPO-ARC1970-DD.
¹⁵ Les quatre maisons sont inscrites au titre des Monuments Historiques en 2013, puis les trois n’ayant pas subi de modifications sont classées au titre des Monuments Historiques dans la foulée. Leur rénovation est menée sous la supervision de l’architecte en chef des Monuments Historiques Cécile Dugrain.
Juliette Bessette
Historienne.
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‣ Maquette d’assemblage de six coupoles. L’Œil, juin-juillet 1970.
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